Ne les appelez plus propriétaires, mais « pet parents ». Le nom en dit long sur l'amour inconditionnel - et les dépenses qui vont avec - que les « parents » de chats (15 millions dans l'Hexagone), chiens (7 millions), lapins ou chinchillas sont prêts à consentir pour ce membre à part entière de la famille. En 2020, le riche marché des animaux de compagnie était de 5 milliards d'euros. En 2023, selon l'association Promojardin-Promanimal, il a atteint 6,4 milliards d'euros, en progression de plus de 9 % sur un an. Et l'année 2024, pas encore consolidée, laisse entrevoir un scénario identique.
« On est dans l'humanisation de la relation entre l'animal et les pet parents, qui sont demandeurs du meilleur en alimentation comme pour les accessoires et le bien-être », analyse Florence Delamoureyre, directrice du salon Animal Expo. Résultat ? Le beau, le bio, le sur-mesure ont le vent en poupe sur ce marché où de plus en plus de nouveaux entrants aux offres disruptives se font une place. Notamment sur le segment de l'alimentation, qui draine 80 % des achats et où les propriétaires vont de plus en plus vers le haut de gamme.
« Aucun compromis »
« Aucun compromis »
Stéphanie Cailloux, la directrice générale d'Invers, spécialiste de l'élevage et la transformation de vers de farine installé à Saint-Ignat (Puy-de-Dôme), peut en témoigner : « L'alimentation est un sujet de plus en plus regardé. Nos clients ont besoin d'être rassur��s sur ce qu'ils donnent à manger à leur animal. » Son offre de croquettes pour chiens et chats à base de larves d'insectes « fait mouche », selon une formule utilisée à des fins commerciales.
Depuis fin 2019, date de la mise sur le marché des premières croquettes, les ventes dont elle ne communique pas le montant - « doublent chaque année », assure la dirigeante. Portées par la vague, Tomojo et Invers, les deux marques de l'entreprise, multiplient les déclinaisons. Aux croquettes pour jeunes, seniors, animal stérilisé ou pas, s'ajoutent depuis cet été les friandises.
Ziggy profite, lui aussi, de l'appétence des parents de chats pour le haut de gamme. « Ziggy est né de la volonté d'enfin nourrir nos chats comme on nourrit notre famille, en toute transparence et sans aucun compromis », racontent Marie Bonhomme et Alyosha Rozo, les fondateurs de la société installée à Bordeaux. Avec leurs croquettes et leurs pâtées pour chat exclusivement fabriquées en France à partir de protéines animales, sans carcasses, ni amidon, ils revendiquent « plus de 100.000 chats qui ronronnent avec Ziggy » et leur entreprise affiche aujourd'hui 8 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Accessoires tous azimuts
Face à la multiplication des propositions culinaires, Ivan Jouravleff a même lancé il y a cinq ans « Le Yuka des croquettes ». En renseignant le profil de chien, son appli Gamelle, forte de plus de 9.000 références de croquettes et pâtées, indique la qualité nutritionnelle des produits et calcule la ration à donner. Bien nourris, chiens et chats, qui représentent plus de 80 % des animaux de compagnie, sont tout aussi bien chouchoutés pour se promener, dormir ou jouer. « Les pet parents sont de plus en plus nombreux à rechercher des produits personnalisés, esthétiques et confortables comme des cousins, des vêtements, des colliers. On voit également un engouement pour les services de photographie et d'organisation d'anniversaire pour animaux et les gadgets, notamment les traceurs GPS ou les distributeurs automatiques connectés », observe Florence Delamoureyre.
Le business apparaît sans limite. A Lyon, par exemple, Canicoiff propose des séances de balnéothérapie pour chiens à partir d'une cinquantaine d'euros, mais certains « parents » n'hésitent pas à investir, ailleurs, dans des baignoires spa à plus de 2.000 euros. Pour offrir le meilleur à son compagnon, le site de vente en ligne FunnyFuzzy, qui se veut « une marque de style de vie pour les animaux », met dans ses rayons des canapés lits orthopédiques et des chaussures, pyjamas et ponchos pour protéger Médor des frimas. D'autres trouveront des médailles astrologiques chez French Bandit, pour une vingtaine d'euros.
La concurrence est telle que certains pourraient y laisser des plumes. Ivan Jouravleff reconnaît que Gamelle est à la peine. « Nous avions lancé sur un modèle gratuit, en misant sur le business model de la collecte de données, mais cela n'a pas été le cas. Nous sommes donc passés à un service payant d'un euro depuis quelques mois mais les téléchargements quotidiens sont passés d'une cinquantaine en gratuit à une dizaine », indique le fondateur de Vetools, l'entreprise lyonnaise qu'il a fondé pour lancer Gamelle et qu'il gère sur son temps libre. Sans en tirer de revenus.
Sur ce marché sens dessus dessous, les grandes surfaces alimentaires se taillent la part du lion (47 % du chiffre d'affaires), tirées par la vente de croquettes et pâtés. Les ventes en ligne, segment sur lequel les start-up fondent leurs espoirs, sont à 15 %. Les spécialistes du jardin et les animaleries, qui jouent gros dans cette bataille, tiennent, eux aussi, fermement la barre, respectivement autour de 20 % pour les premières et de 15 % pour les seconds. Ils multiplient les nouveaux produits et services. Maxi Zoo a par exemple été le premier à lancer un service de téléconsultation vétérinaire.

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